Pourquoi bien choisir ses chaussures est-il essentiel ?

Les conséquences d’une mauvaise paire de chaussures sont parfois sous-estimées : chutes, douleurs, diminution de l’équilibre, appréhension et, au fil du temps, repli sur soi. En cause ? Souvent, des chaussures usées, trop larges ou trop “glissantes”. Pourtant, le bon choix de chaussures est un geste simple, concret, et accessible à tous.

  • Équilibre : Le vieillissement modifie la perception du sol, la réactivité musculaire et la proprioception. Porter des chaussures stables optimise ces aspects.
  • Prévention des chutes : D’après la Santé Publique France, la chute est responsable d’environ 9 400 décès par an chez les personnes âgées de 65 ans et plus.
  • Confort et mobilité : Des chaussures appropriées préviennent les douleurs de pieds, source majeure de limitation de la marche.

Les critères incontournables pour des chaussures sécurisantes

Avant de se laisser séduire par l’esthétique ou l’habitude, mieux vaut s’arrêter sur quelques critères essentiels, validés par la Haute Autorité de Santé et la Fédération Française de Podologie :

  • Semelle antidérapante : Privilégier une semelle en caoutchouc à relief, souple à l’avant mais ferme à l’arrière. L’idéal, une semelle qui accroche suffisamment même sur des surfaces humides ou polies. D’après l’INPES, une semelle lisse multiplie par trois le risque de glissade.
  • Maintien du pied : Opter pour une tige montante ou au moins un bon contrefort (arrière dur), qui englobe la cheville sans la comprimer. Cela limite les torsions et donne une meilleure stabilité.
  • Fermeture ajustable : Préférer les velcros ou les lacets à serrage facile. Ainsi, la chaussure épouse le pied même en cas d'œdème, sans se déchausser.
  • Légèreté : Une chaussure trop lourde fatigue l’utilisateur et gêne le lever du pied. Les modèles en cuir léger ou en matière respirante synthétique sont à privilégier.
  • Largeur et profondeur suffisantes : Les pieds ont tendance à s’élargir avec l’âge, surtout en cas de troubles veineux ou de déformation (hallux valgus, orteils en griffe...). Il existe des chaussures “spécial confort” offrant plusieurs largeurs.
  • Absence de talon haut : Le talon idéal ne dépasse pas 2,5 cm. Les hauteurs plus importantes déplacent le centre de gravité et augmentent le risque de déséquilibre.
  • Intérieur sans couture agressive : Pour éviter ampoules et blessures (surtout en cas de diabète ou de peau fragile), choisir une doublure lisse, sans aspérités.

Idées reçues à dépoussiérer : chaussons, pieds nus, sandales...

Quelques habitudes bien ancrées cachent pourtant des risques réels. De nombreux accidents surviennent en intérieur, où l’on pense être à l’abri.

  • Chaussons d’intérieur : 6 chutes sur 10 à domicile se produisent pieds nus ou en chaussons souples (étude INPES, 2014). Les modèles sans talon, type mule, glissent souvent et se déchaussent facilement.
  • Sandales d’été : Elles laissent le pied libre, ce qui multiplie les accrochages de marche (rebords de tapis, seuils…). Sauf sandale avec bride arrière et semelle antidérapante.
  • Pieds nus : Même à la maison, le risque de blessures cutanées et de glissade est net. À éviter, surtout si la sensibilité plantaire est diminuée (neuropathie, diabète).

Faut-il investir dans des chaussures orthopédiques ?

Toutes les personnes âgées ne nécessitent pas des chaussures “sur ordonnance”. Pour autant, 30 % des plus de 75 ans présentent des déformations du pied (source : Syndicat National des Pédicures-Podologues, 2022). Dans ces cas, des chaussures orthopédiques ou adaptées permettent :

  • Le port de semelles sur mesure (personnes diabétiques, grands déformations, escarres talonnières…)
  • L’adaptation à une jambe plus courte ou à un handicap moteur (hémiplégie, arthrose avancée...)
  • Un maintien accru après chirurgie ou en cas d’affaiblissement musculaire sévère

La Sécurité Sociale rembourse partiellement certains modèles en cas de prescription médicale. Dans tous les cas, l’avis d’un podologue ou d’un ergothérapeute est précieux pour orienter le choix.

Choisir la bonne chaussure pour chaque situation

Pour la maison :

  • Des “chaussons” sécurisés ressemblant à de petites chaussures fermées, avec velcros, semelle antidérapante, contrefort solide.
  • Des modèles lavables, pratiques en cas de petits accidents d’incontinence ou d’incident domestique.
  • Éviter les mules, ou les “chaussons chaussettes” simples.

Pour l’extérieur :

  • Chaussures légères, fermées, qui maintiennent bien le pied.
  • Chaussures de sport pour la marche ou la rééducation, avec un amorti suffisant (running à semelle plate pour une marche rapide, par exemple).
  • Chaussures montantes en cas d’instabilité de cheville.

Pour les situations particulières :

  • Prothèse (hanche, genou) : Privilégier des chaussures à large ouverture, peu de couture, semelle amortissante.
  • Diabétique : Des chaussures “pied sensible”, sans couture interne, parfois sur mesure, sont recommandées pour prévenir les plaies.
  • Personne en fauteuil roulant : Antidérapantes, faciles à enfiler, adaptées à la forme du pied et au niveau d’activité.

Quand (et comment) renouveler ses chaussures ?

Une chaussure, même de bonne qualité, ne dure pas éternellement. Surfaces usées, déformation de la semelle, perte du maintien : autant de signes qu’il est temps d’en changer. En moyenne, il est préconisé de renouveler ses chaussures d’usage quotidien tous les 12 à 18 mois, voire tous les 6 à 9 mois en cas de port intensif (source : Fédération Française de Podologie, 2022).

  • Observer la semelle extérieure : si elle est lisse ou en “escalier”, elle perd tout effet antidérapant.
  • Vérifier que l’arrière ne s’affaisse pas et que le maintien de la cheville reste ferme.
  • Toucher l'intérieur : un rembourrage écrasé n’amortit plus correctement.

Quelques modèles et marques conseillés par les professionnels

Certaines marques proposent des gammes spécifiques adaptées aux besoins évoqués. Les pharmacies, magasins spécialisés ou sites comme “La chaussure médicale” ou “Podexpert” offrent un large choix. Parmi les modèles fréquemment recommandés :

  • Podowell – modèles lavables, grande ouverture, semelle amortissante ;
  • Adour, Fluchos, Scholl – gammes confort, antidérapantes et élégantes ;
  • Mephisto pour des modèles extérieurs bien amortis ;
  • Semelflex – chaussons fermés sécurisants.

Attention aux chaussures “santé” vendues bon marché en supermarché : elles ne respectent pas toujours les normes de soutien et d’antidérapance.

Comment essayer et choisir sans se tromper ?

  • Essayer les chaussures en fin de journée (les pieds sont souvent un peu gonflés).
  • Marcher quelques pas : la chaussure ne doit pas “flotter” ni comprimer.
  • Vérifier la facilité d’enfilage/déchausage : utile avec une mobilité réduite.
  • Si vous portez une orthèse ou semelle, l’emmener pour l’essai.

Il existe des rayons spécialisés en magasin classique, ou des boutiques mobiles qui se déplacent à domicile (notamment dans les zones rurales). Certaines orthopédies disposent aussi de formateurs pour évaluer la posture en station debout.

Impact des bons choix de chaussures sur la sécurité et la qualité de vie

En France, l’ajustement de la chaussure suffit à réduire de 30 à 40 % le risque de chutes répétées chez les personnes fragiles (Cochrane Review, 2012). Il ne s’agit pas seulement d’éviter les accidents : mieux marcher, c’est préserver le plaisir des sorties, retarder l’entrée en institution, rester actif et maintenir plus longtemps son indépendance.

Encourager la vigilance sur ce sujet, c’est permettre à chacun — et à ses proches — de faire respecter sa mobilité et sa liberté de mouvement, en adaptant les solutions à chaque étape de la vie, sans céder aux “mauvaises habitudes”.

Le choix de bonnes chaussures est un investissement discret mais majeur dans la prévention, la sécurité et la dignité de l’autonomie à domicile. Un pas de plus vers une vie debout, pour longtemps.

Sources :

  • Santé Publique France, “Les chutes chez les personnes âgées” (2019)
  • Haute Autorité de Santé, Guide Chutes (2021)
  • Fédération Française de Podologie (2022)
  • Cochrane Review “Interventions for preventing falls in older people living in the community” (2012)
  • INPES, “Chutes à domicile des personnes âgées” (2014)

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