Pourquoi faire un diagnostic sécurité de son domicile est essentiel après 65 ans

Avec l’avancée en âge, les risques d’accidents domestiques augmentent. 85 % des chutes des personnes âgées surviennent à domicile (source : Assurance Maladie, 2022). Une évaluation des risques permet d’anticiper certains dangers, d’éviter des hospitalisations, mais aussi de préserver son autonomie au quotidien.

  • Freiner la perte d’autonomie : Un accident domestique, même léger, peut entraîner une hospitalisation puis une diminution de la mobilité, une peur de sortir, ou de refaire certains gestes seuls.
  • Soulager les proches : Un domicile sécurisé, c’est aussi un stress en moins pour l’entourage.
  • Retarder l’entrée en institution : Adapter son logement permet souvent de repousser, voire d’éviter, l’obligation d’aller en maison de retraite ou EHPAD.

Les grands principes du diagnostic sécurité à domicile

Un diagnostic sécurité, c’est une démarche pragmatique et personnalisée. Il ne s’agit pas d’installer systématiquement des barres d’appui partout, mais d’observer objectivement chaque pièce selon vos habitudes de vie, votre état de santé, et vos envies de rester autonome. Quelques grands principes guident cette démarche :

  • Analyser pièce par pièce en repérant ce qui peut chuter, glisser, brûler, cogner ou gêner les déplacements
  • S’interroger sur les gestes du quotidien : Se lever, sortir du lit, aller aux toilettes de nuit, préparer ses repas, laver le sol… que devient chaque geste si la vue baisse, si l’équilibre est moins assuré ?
  • Prendre en compte les aides techniques déjà présentes (ou l’absence de celles-ci)
  • Penser aux surprises : une pièce peu utilisée, des invités, un nouvel animal de compagnie, des petits-enfants qui visitent… font aussi partie du diagnostic.

Par où commencer ? Les étapes clés d’un bon état des lieux

  1. Préparer la visite du logement :
    • L’idéal : marcher vraiment dans le logement, comme lors d’une journée type, et noter tous les points où un inconfort ou un danger est ressenti.
    • Se faire accompagner si besoin d’un proche, d’un aide à domicile ou d’un ergothérapeute (parfois pris en charge par certaines mutuelles ou collectivités locales).
  2. Observer l’équipement de base et le mobilier :
    • Hauteur des meubles, stabilité, arêtes saillantes, accès facile ou non aux objets utilisés tous les jours.
  3. Tester les déplacements :
    • Marcher, s’asseoir, se lever, atteindre les interrupteurs ou les placards, voir s’il faut se pencher ou se hisser régulièrement.
  4. Evaluer l’éclairage et la signalétique :
    • Bonne visibilité jour et nuit, repérage facile des interrupteurs et chemins de passage, absence de zones d’ombre.
  5. Lister les anomalies ou dangers repérés :
    • Câbles baladeurs, tapis non fixés, sols glissants, objets posés à terre, accès aux fenêtres ou balcons difficiles, détecteurs de fumée absents ou non testés.

Sécuriser pièce par pièce : que vérifier absolument ?

L’entrée et les couloirs

  • Un tiers des chutes ont lieu lors des déplacements dans les couloirs ou l’entrée (source : ADEME, 2021).
  • Vérifier l’état des paillassons, l’absence de marches inutiles, le bon éclairage et un accès facile à la sonnette ou à la boîte aux lettres.
  • Poser une rampe ou une barre d’appui si la sortie est difficile ou s’il y a des marches.

Le salon et la salle à manger

  • Attention aux tapis, aux coins de table saillants, aux fils électriques ou rallonges dans les zones de passage.
  • Prioriser les fauteuils stables, ni trop bas, ni trop mous pour se relever avec aisance.
  • Ranger ce qui traine au sol – ottomanes, paniers, accessoires décoratifs déplacés.

La cuisine : zone à haut risque

  • La moitié des accidents domestiques chez les seniors ont lieu en cuisine (source : Société Française de Gériatrie).
  • Favoriser des rangements à hauteur de bras pour éviter montées sur un tabouret ou penchages intenses.
  • Vérifier les poignées de meubles, la stabilité des casseroles sur le feu, la présence d’un extincteur portatif, la qualité de la hotte ou de la ventilation (pour éviter les risques de suffocation ou fuite de gaz).
  • Installer des détecteurs de fumée et, pour les cuisinières à gaz, des systèmes coupe-gaz automatiques.

Salle de bain et sanitaires : des aménagements incontournables

  • Ici, 46% des chutes ont des conséquences graves (fractures, hospitalisations de plus de 10 jours…) (source : Assurance Maladie).
  • Prévoir tapis antidérapants, barres d'appui près de la baignoire ou douche, siège de douche, rehausseur de WC si besoin, robinets thermostatiques.
  • Pensez au confort d’accès des produits de soin (pas de bidons lourds ou en hauteur).
  • Evitez de verrouiller la porte à l’intérieur, ou assurez-vous qu’elle puisse s’ouvrir facilement de l’extérieur en cas de chute.

La chambre à coucher : éviter les risques nocturnes

  • Un bon nombre de chutes ont lieu la nuit en allant aux toilettes ou en sortant du lit.
  • Installer un éclairage nocturne automatique, vérifier la stabilité du lit, préférer des tables de chevet à angle arrondi.
  • Éviter les tapis glissants ou les meubles mobiles autour du lit.

Balcons, terrasses et escaliers

  • S’assurer que barrières de sécurité et rambardes sont solides, et qu’aucun objet ne traine au sol.
  • Dans les escaliers : main courante solide, nez de marche visibles, éclairage puissant, pas d’objets sur les marches.

Les risques “invisibles” : feux, intoxications, et autres dangers souvent oubliés

  • Détecteurs de fumée obligatoires depuis 2015, mais selon l’UFC Que Choisir, 15 à 20 % des foyers n’en sont toujours pas équipés (2023).
  • Monoxyde de carbone : installer un détecteur près des appareils de chauffage à combustion, surtout en maison individuelle.
  • Vérifications annuelles des installations électriques, surtout pour les logements anciens – la vétusté des installations électriques cause 25 % des incendies domestiques (Source : Promotelec, 2021).
  • Traces d’humidité, moisissures, mauvaise aération peuvent aggraver les troubles respiratoires.

Méthodes et outils pour faire son diagnostic sécurité : de l’auto-évaluation au diagnostic professionnel

Il existe plusieurs façons d’organiser ce diagnostic sécurité :

  • Utiliser une grille d’auto-évaluation : Des associations (comme l’ANAH ou la MSA) proposent des check-lists gratuites, pratiques à imprimer et à cocher au fil de la visite du logement.
  • Faire intervenir un ergothérapeute ou un conseiller en habitat adapté : Parfois financé par la caisse de retraite ou le département. Leur œil expert permet de voir les risques qu’on ne soupçonnait pas.
  • Solliciter un diagnostic “Habitat Seniors” : De plus en plus de collectivités et de mutuelles proposent ces diagnostics gratuitement ou à prix réduit.
  • Utiliser des applications mobiles: Certaines applis (comme “Bien chez moi” d’Ima Solutions ou le guide interactif “Cap retraite chez soi”) aident à lister les points de vigilance pièce par pièce, avec photos à l’appui.

Après le diagnostic : choisir les adaptations prioritaires

La tentation est grande de vouloir tout changer d’un coup, mais l’important est de prioriser selon le degré de danger réel :

  1. Les urgences vitales : sécuriser l’accès à l’électricité, au gaz, aux sources de chaleur, éliminer les risques de feux ou d’intoxication.
  2. Limiter la chute : tapis fixes ou supprimés, mobilier stable, éclairages automatiques ou plus puissants le long des zones de passage.
  3. Adaptation du geste : poignées ergonomiques, barres d’appui, réhausseurs, sièges antiglissade.
  4. Favoriser la confiance au quotidien : détecteurs, télésurveillance simple, téléassistance – à envisager si besoin.

Le coût des adaptations dépend de leur ampleur, mais il existe de nombreuses aides pour les seniors ou les personnes en perte d’autonomie (ANAH, caisses de retraite, mutuelles, conseils départementaux, etc.). Selon la Fédération Française du Bâtiment, 75 % des adaptations coûtent moins de 1 500 €. Une rénovation globale (salle de bain, mise aux normes électriques, création d’une chambre en rez-de-chaussée…) peut nécessité un investissement plus conséquent, mais reste soutenue par de nombreux dispositifs d’aides financières (voir : ANAH – Habiter Facile).

Engager la famille et les aidants : une démarche qui se construit ensemble

Une démarche de diagnostic n’a de sens que si elle est comprise et respectueuse de celles et ceux qui vivent dans le logement. Trop souvent, des aménagements imposés sans discussion finissent inutilisés, voire retirés. Prendre le temps de dialoguer, d’expliquer les raisons, de tester du matériel ou de rendre ces changements réversibles facilite l’acceptation.

  • Proposer d’expérimenter une barre d’appui temporaire (à ventouses) avant de percer définitivement un mur.
  • Laisser le temps d’adopter de nouveaux gestes (chaise de douche, chemin lumineux, interrupteurs déportés…)
  • Inclure les petits-enfants, les proches : le diagnostic du logement est aussi l’occasion de prévenir d’autres risques (notamment pour les jeunes enfants de passage !)

Aller plus loin : ressources et dispositifs pour rester bien chez soi

  • Pour ceux qui souhaitent un diagnostic approfondi, l’ANAH, Action Logement et la CNAV proposent régulièrement des subventions ou des accompagnements personnalisés.
  • Des associations locales (ADMR, UNA, CARSAT) informent et aident à la mise en place de solutions concrètes.
  • Une visite de prévention à domicile, effectuée par une infirmière ou un médecin, peut aussi préciser certains points (dispositif “Ma santé, mon domicile”, avec les CPAM dans certains départements).
  • L’annuaire "Habitat Adapté Seniors" répertorie les artisans formés aux adaptations pour la perte d’autonomie (source : pour-les-personnes-agees.gouv.fr).

Retrouver confiance et plaisir de vivre chez soi

Réussir le diagnostic sécurité de son logement, c’est bien plus que poser des barres d’appui. C’est oser regarder droit dans les yeux ce qui pourrait empêcher de rester chez soi – et s’en donner les moyens. Quelques ajustements bien choisis font parfois toute la différence. Ce n’est jamais perdre son indépendance que de se donner toutes les chances de la conserver. N’hésitez pas à partager vos expériences ou questions en commentaire : chaque retour d’expérience compte pour continuer à avancer ensemble, dans le respect et la dignité de chacun.

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