Pourquoi cette question mérite d’être posée

En avançant en âge, chacun entend régulièrement ce conseil : « Il faut bouger ! » Mais entre les recommandations pour une “activité physique régulière” et les propositions de “cours de sport adapté”, il est facile de s’y perdre. Est-ce que la marche quotidienne pour aller acheter son pain est aussi bénéfique qu’une heure de gymnastique douce en groupe ? Le vélo dans le quartier compte-t-il autant que le yoga ou la natation ? Finalement, où commence vraiment le sport, et où s’arrête simplement l’activité physique ?

Clarifier cette distinction est essentiel car elle a un impact direct sur la santé, l’autonomie, le moral… et sur la capacité à faire des choix adaptés à sa situation. Les données les plus récentes montrent en outre que de trop nombreux seniors restent sédentaires faute d’informations claires ou sont découragés par l’image “sportive” parfois associée à toute forme d’exercice.

Définitions : activité physique et sport, deux réalités différentes

  • L’activité physique désigne, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques qui entraîne une dépense d’énergie supérieure à celle du repos ». Cela englobe :
    • Les déplacements à pied ou à vélo
    • Le jardinage
    • Le ménage, le bricolage
    • Les jeux avec les petits-enfants
    • Monter des escaliers
  • Le sport se définit, lui, comme « une activité physique institutionnalisée, encadrée, pratiquée de façon organisée dans un but de performance ou de loisir » (définition INSEP – Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance). Il implique en général :
    • Une pratique régulière, souvent en groupe ou encadrée (club, association, coach, etc.)
    • Des mouvements codifiés, parfois une dimension de compétition ou de progression
    • Des règles, parfois du matériel spécifique

Concrètement, tous les sports sont des activités physiques, mais une activité physique n’est pas forcément un sport. Cette nuance est centrale pour éviter bien des malentendus, surtout chez les seniors qui n’ont jamais pratiqué de sport “classique” mais dont le quotidien reste actif.

Pourquoi bouger ? Les bienfaits spécifiques pour les seniors

Les bénéfices prouvés de l’activité physique quotidienne

De nombreuses études nationales confirment l'intérêt de garder une activité physique, même modérée, après 60 ans. Ainsi, selon Santé publique France (2022), une pratique adaptée :

  • Réduit de 30 à 40 % le risque de chute (Santé publique France)
  • Diminue de 30 % le risque de mortalité toutes causes confondues chez les plus de 65 ans (New England Journal of Medicine)
  • Lutte efficacement contre l’isolement social, l’anxiété et la dépression
  • Permet souvent de retarder ou d’alléger le recours aux aides techniques ou humaines – c’est un levier concret pour rester autonome

Le sport, un plus pour la santé… mais à chaque rythme son bénéfice

La pratique d’un sport adapté (aquagym, marche nordique, danse, etc.) fait gagner, en moyenne, 30 % de capacité musculaire supplémentaire après 70 ans par rapport à un mode de vie purement sédentaire (INSERM). Elle renforce l’équilibre, entretient les réflexes et améliore la confiance en soi.

Attention : ces bénéfices sont dépendants d’une pratique régulière, mais il n’est jamais trop tard pour commencer. L’Institut national du cancer rappelle ainsi que, même débutée après 65 ans, l’activité sportive permet de faire baisser significativement le risque de survenue de certains cancers (INCa).

Activité physique vs sport : qui peut quoi, et comment ?

Des profils différents, des moyens adaptés

Activité physique Sport adapté
Qui y accède facilement ? Tous : peut être intégrée aux gestes quotidiens Plutôt ceux motivés par la pratique encadrée, mais il existe désormais des offres très larges
Matériel nécessaire Minime ou inexistant : de bonnes chaussures, parfois un bâton pour la marche Dépend du sport choisi (vêtement adapté, matériel, inscription en club…)
Encadrement Aucun encadrement requis Coach, animateur sportif, professionnel spécialisé
Exemples concrets Marche, escaliers, ménage, promenade du chien, bricolage Marche nordique, natation, yoga, gymnastique douce, tai-chi, vélo

Quel niveau d’intensité ? La notion de “dose” recommandée

Les autorités de santé nationales et internationales recommandent aujourd’hui pour chaque senior en bonne santé :

  • Au moins 150 minutes par semaine d’activité physique d’intensité modérée (marche vive, danse, jardinage, vélo tranquille) [OMS 2020]
  • Complétée par des exercices de renforcement musculaire (2 fois/semaine) et de l’équilibre (pour éviter les chutes)

La plupart des gestes quotidiens peuvent “compter” dans le calcul de l’activité physique – à condition de provoquer essoufflement léger ou d’activer les grands groupes musculaires. Si l’intensité augmente (activité sportive ou similaire), la durée peut être réduite (75 minutes/semaine d’activité plus intense).

Comment intégrer ces activités dans sa vie réelle ?

Le pouvoir des petits gestes : l’activité physique au quotidien

  • Marcher vite autant que possible (aller à la Poste, aux courses à pied, descendre un arrêt de bus plus tôt)
  • Utiliser les escaliers dès que c’est possible, même pour quelques marches
  • Entretenir son logement, bricoler, jardiner (retirer, porter, arroser, désherber… excellent pour les membres supérieurs et l’équilibre !)
  • Danser chez soi sur une chanson préférée
  • Proposer une balade au parc avec ses amis, enfants ou petits-enfants

Toutes ces activités augmentent réellement la dépense énergétique et protègent les muscles et l’ossature. L’enjeu : les pratiquer le plus régulièrement possible, sans se forcer à “faire du sport” si l’on n’en a ni l’envie, ni la capacité.

Le sport : une opportunité, pas une obligation

  • De plus en plus de Mairies, CCAS et associations offrent des cycles de sports adaptés pour seniors : gymnastique, aquagym, marche nordique, jeux collectifs doux (par exemple, le pickleball ou la boccia)
  • Certains sports traditionnels, comme la pétanque, les quilles ou le golf, sont bien adaptés et permettent de garder un bon tissu social
  • De nouveaux sports “santé” émergent : gym mémoire, yoga sur chaise, danse adaptée, tai-chi en groupe

Il n’est pas indispensable de performer ni de suivre un planning d’athlète : le but est de créer du plaisir, de la confiance et éventuellement du lien avec d’autres personnes.

Quelques idées reçues sur l’activité physique et le sport après 60 ans

  • “Je n’ai jamais fait de sport, c’est trop tard.” Les études démontrent que les bénéfices apparaissent à tout âge, même après 75 ans. Le cerveau comme les muscles restent adaptables.
  • “Sans matériel ni coach, ça ne sert à rien.” Le simple fait de marcher régulièrement ou d’améliorer l’équilibre réduit fortement les risques de dépendance.
  • “Je suis trop essoufflé(e) : c’est le signe qu’il faut arrêter.” L’essoufflement modéré est normal (sauf maladie aiguë ou contre-indication médicale). Si l’essoufflement diminue au fil des semaines, c’est justement bon signe.
  • “Seule la compétition motive et structure l’activité.” La convivialité, le bien-être ou le simple plaisir de bouger sont d’excellentes sources de motivation, parfois plus durables que le goût de la compétition.

Précautions et sécurité : l’avis des professionnels

  • Consulter son médecin en cas de pathologie chronique ou de chute récente.
  • Commencer progressivement, surtout après une longue période d’inactivité.
  • Privilégier des vêtements et chaussures confortables et adaptés.
  • Ne pas négliger l’échauffement et l’hydratation.
  • Pour les sports “nouveaux” ou collectifs, choisir des encadrants titulaires de l’examen “Sport santé” ou ayant de l’expérience auprès des seniors : le Réseau Francophone Vieillir en Bonne Santé ou la Fédération Française d’Education Physique et de Gymnastique Volontaire recensent ces professionnels.

Un choix pour l’autonomie, à chacun son rythme

Bouger, c’est d’abord préserver sa liberté d’action et de décision, à tous les âges. Que l’on préfère marcher, jardiner ou découvrir un sport collectif adapté, le plus important, c’est la régularité et le plaisir. L’essentiel n’est pas de rentrer dans une case, mais de s’offrir une activité adaptée à ses envies, à ses capacités, en tenant compte de sa santé et… de ses préférences du moment.

Rappelons que moins de 35 % des Français de 70 à 80 ans atteignent aujourd’hui les recommandations minimales d’activité physique, selon l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (ONAPS, Bilan 2023). Pourtant, chaque effort compte. Que la motivation vienne de la convivialité, de l’autonomie ou du simple besoin de s’oxygéner, chaque pas compte – et il n’est jamais trop tard pour en faire quelques-uns de plus.

Pour découvrir d'autres idées et ressources, plusieurs guides pratiques sont disponibles sur le site du Ministère des Sports (sports.gouv.fr) et de la Fédération française des retraités sportifs.

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