Vieillir en restant autonome implique, bien souvent, de réussir un véritable numéro d’équilibriste au quotidien. Monter sur un tabouret, franchir un tapis un peu épais, tourner d’une pièce à l’autre… Ces gestes, réalisés sans effort à 30 ans, deviennent plus complexes au fil de l’âge. Pourquoi ? Parce que la stabilité – ce qui nous permet de tenir debout, de marcher, de réagir à un déséquilibre – dépend d’un véritable dialogue entre plusieurs systèmes : l’équilibre et la vue, bien sûr, mais aussi le toucher ou l’oreille interne.
L’Organisation Mondiale de la Santé indique qu’après 65 ans, une personne sur trois fait au moins une chute par an.1 Les chercheurs insistent sur l’importance des troubles de l’équilibre, mais aussi – de façon plus discrète – sur l’influence de la vision, qui intervient à chaque instant dans nos déplacements.2
Parlons de l’équilibre. Ce terme un peu généraliste désigne en réalité un savant mélange d’informations recueillies et traitées en permanence par le cerveau. Trois systèmes majeurs y participent :
Si l’un de ces composants est affaibli (perte auditive, neuropathie, cataracte…), la stabilité se trouve menacée. Par exemple, des chercheurs du CNR expliquent qu’un senior atteint d’une cataracte a deux fois plus de risques de chuter qu’un senior voyant bien.3
La vision n’est pas qu’un « plus » pour éviter les objets placés sur le passage. Elle analyse la luminosité, la profondeur, la distance, et prévient le cerveau en cas de danger. Plusieurs éléments sont à surveiller de près :
Une étude de l’Inserm menée en 2022 a démontré que les personnes âgées ayant une déficience visuelle sévère présentent un risque de chute multiplié par 4.4
Plusieurs mécanismes expliquent la fragilisation de la stabilité en avançant en âge :
À ces modifications s’ajoutent parfois des troubles neurologiques (maladie de Parkinson, AVC…), la prise de certains médicaments (antihypertenseurs, sédatifs...), et des facteurs environnementaux (sols glissants, éclairage faible).
Les signes précurseurs de difficultés de stabilité sont parfois subtils :
Lorsqu’un de ces éléments apparaît, il est toujours utile d’en parler à un professionnel (médecin, ergothérapeute, orthoptiste…).
Les chutes liées à l’altération de l’équilibre et de la vue sont la première cause de décès accidentel chez les plus de 65 ans, avec près de 10 000 décès par an en France selon Santé Publique France.1 Moins connues, les conséquences psychologiques (peur de retomber, isolement social, perte de confiance) sont tout aussi préoccupantes. Une simple chute non grave suffit parfois à bouleverser une autonomie bien installée.
Environ 40 % des hospitalisations pour causes traumatiques chez les seniors sont dues à des chutes, et plus de la moitié concernent des problèmes visuels ou d’équilibre non diagnostiqués.5
La nouvelle génération d’aides techniques mise sur la prévention et le maintien de l’autonomie :
En parallèle, la télé-réadaptation (programmes d’exercices à distance) prouve son efficacité, notamment pour les seniors isolés ne pouvant se déplacer facilement.8
Prendre soin de l’équilibre et de la vision, cela va bien au-delà de la prévention des chutes. C’est protéger sa liberté de mouvement, son intimité et sa confiance en soi, pour continuer à choisir ses gestes et ses déplacements sans dépendre entièrement des autres.
Diminuez les risques, adaptez votre environnement, faites-vous accompagner si besoin : chaque geste compte. Les avancées pour protéger l’autonomie sont accessibles et reconnues : elles aident non seulement à prévenir, mais également à mieux vivre le grand âge avec assurance.