Pourquoi les articulations deviennent-elles douloureuses avec l’âge ?

Les articulations – genoux, hanches, épaules, doigts… – sont sollicitées à chaque mouvement. Avec l’âge, plusieurs facteurs peuvent perturber leur fonctionnement optimal :

  • Usure du cartilage : ce tissu protecteur s’amincit naturellement avec les années, favorisant les frottements entre les os (ostéoarthrose).
  • Diminution de la masse musculaire : les muscles, en perdant de leur tonus, soutiennent moins efficacement les articulations.
  • Inflammations récurrentes : certaines maladies articulaires comme la polyarthrite, la goutte ou d’autres rhumatismes plus rares, deviennent plus fréquentes avec l’âge.
  • Facteurs mécaniques : surpoids, microtraumatismes répétés (travail manuel, sports intensifs dans le passé), malformations ou séquelles de traumatismes.

Selon l’INSERM, un adulte sur deux de plus de 65 ans souffre de douleurs articulaires chroniques (arthrose, arthrite ou douleurs diverses). Pourtant, leurs manifestations et leur intensité varient largement d’une personne à l’autre (INSERM).

Des habitudes à adopter pour protéger durablement ses articulations

Le poids : première variable d’influence

Chaque kilo superflu impose un poids supplémentaire aux hanches, genoux et chevilles. Selon la Société Française de Rhumatologie, perdre 5 kilos en cas de surpoids réduit de près de 50 % le risque de développer une arthrose avancée du genou (source : SFR, 2023). Ce constat s’applique aussi pour les douleurs, qui diminuent de façon notable à chaque kilo perdu.

Bouger… mais intelligemment

L’immobilité est un piège. Éviter certains mouvements sous prétexte de douleur accélère la raideur articulaire et l’enraidissement. Mais il ne s’agit pas de s’imposer des activités « sportives » coûte que coûte. Les exercices les plus bénéfiques sont :

  • La marche régulière : 30 min par jour, fractionnées si besoin.
  • Le renforcement musculaire doux : ateliers gym douces, séances avec une kinésithérapeute, exercices de chaise à la maison.
  • Les activités aquatiques : l’eau porte le corps, limitant les pressions sur les articulations, idéale en cas d’arthrose ou de douleurs persistantes.
  • Le Tai-chi, le yoga adapté senior : ces approches protègent la mobilité, travaillent équilibre et souplesse en douceur.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, l’activité physique réduit de 30 % le risque d’aggravation de l’arthrose et de ses complications (OMS).

Alimentation : micromouvements dans l’assiette aussi !

Certains aliments favorisent la santé articulaire :

  • Oméga-3 : présents dans les poissons gras, ils aident à modérer l’inflammation.
  • Fruits et légumes frais : riches en antioxydants, ils limitent le vieillissement cellulaire des tissus articulaires.
  • Hydratation : un apport régulier d’eau préserve la souplesse des cartilages.

Des apports suffisants en vitamine D et calcium sont tout aussi essentiels, pour la santé générale du squelette, et peuvent limiter l’aggravation des douleurs (source : Ameli.fr).

Savoir reconnaître et réagir face aux premiers signes

L’un des meilleurs moyens de garder la main sur sa mobilité est de ne pas sous-estimer les premiers signaux :

  1. Raideurs matinales durant plus de 30 minutes
  2. Douleur qui revient dès la marche prolongée ou le port de charges
  3. Gonflements, rougeurs, sensation de chaleur articulaire
  4. Clics ou craquements inhabituels

Des articulations qui « coincent » n’appellent pas toujours à l’inaction, mais doivent conduire à une évaluation par son médecin. Un diagnostic précoce (parfois assorti de radios ou d’une prise de sang) permet d’agir tôt et d’éviter la perte d’autonomie.

Adapter l’environnement pour limiter la sollicitation des articulations

Matériel et aides techniques

Un simple aménagement évite bien des douleurs… et prévient les chutes ! Quelques exemples :

  • Barres d’appui dans la salle de bains et les toilettes pour sécuriser les gestes les plus délicats.
  • Sièges rehaussés, notamment pour les WC et fauteuils bas (favorisent un lever sans douleur des hanches et genoux).
  • Ustensiles adaptés : ouvre-bocaux à bras de levier, couverts ergonomiques, coupe-ongles rallongés… permettent de ménager les doigts douloureux.
  • Chaussures à scratch, sans lacets : facilitent la vie aux genoux et aux hanches souvent raides.

Il ne faut pas hésiter à demander conseil à un ergothérapeute pour un bilan personnalisé ou à solliciter la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) pour connaître les aides financières disponibles.

Adapter la position de travail ou de repos

  • Posture au quotidien : préférer le dos droit, ne pas croiser les jambes longuement, s’asseoir sur des sièges soutenants.
  • Éviter les gestes répétitifs (répétition de mouvements du ménage, jardinage intensif, bricolage…) ou au contraire faire des pauses fréquentes.

De petites adaptations empêchent les douleurs de s’installer durablement.

Le rôle du sommeil et de la gestion du stress

Douleurs et troubles du sommeil forment une boucle vicieuse. Selon une étude publiée par l’Association Française de Lutte anti-Rhumatismale (AFLAR), 62 % des personnes souffrant d’arthrose chronique déclarent que la qualité de leur sommeil impacte fortement leurs douleurs diurnes. Une bonne hygiène du sommeil, en traitant l’apnée potentielle ou en aménageant sa literie, améliore la récupération des tissus. De même, le stress accentue la perception douloureuse et l’inflammation. La relaxation – par la sophrologie, la méditation ou le yoga – contribue à améliorer la tolérance à l’inconfort articulaire (AFLAR, 2022).

Faut-il prendre des compléments ou des médicaments préventifs ?

Aucune pilule miracle n’empêchera l’usure du cartilage, mais certains traitements peuvent soulager. Les infiltrations, anti-inflammatoires locaux ou oraux, ou encore les compléments à base de glucosamine, chondroïtine, collagène… sont discutés au cas par cas (voir HAS, recommandations actualisées 2023). Les médecins insistent sur la nécessité d’une prescription personnalisée, tenant compte de l’équilibre général, du risque d’effets indésirables, et de la tolérance individuelle. Le tout, à intégrer dans un projet de vie visant à l’autonomie et non à la dépendance aux traitements.

Mieux vivre avec quelques douleurs : l’enjeu de l’acceptation active

Dans la plupart des cas, éviter toute douleur articulaire devient illusoire après 70 ans. Mais il n’y a rien de résigné : l’objectif est de continuer à « faire avec » tout en vivant selon ses choix. Accepter quelques limitations ne signifie pas abandonner l’activité, mais adapter son rythme et ses outils. La bonne nouvelle : beaucoup de seniors témoignent que ce travail d’ajustement leur offre plus de confiance en eux et d’autonomie dans le temps (France Alzheimer).

Pour aller plus loin

Identifier les facteurs de risque, écouter précocement ses sensations, préserver son capital musculaire et ne pas bouder l’aide technique : autant de clés pour rester maître de sa mobilité, malgré l’âge. Quitte à changer quelques habitudes, il y a tout à gagner à prendre soin de ses articulations dès aujourd’hui, pour ne pas freiner demain ses envies de mouvement.

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