En France, les chutes représentent la première cause d’accidents mortels chez les plus de 65 ans : 80 % d’entre elles surviennent à domicile, et un tiers ont lieu dans les escaliers (Assurance Maladie, 2023). Ce chiffre illustre à quel point cet espace de passage du quotidien doit être considéré avec sérieux.
Face à ces risques, il existe des solutions adaptées pour chaque situation. Sécuriser ses escaliers, ce n’est pas s’avouer diminué, c’est choisir d’anticiper intelligemment.
Avant de chercher des solutions, il est indispensable de faire le point – objectivement – sur les dangers potentiels. Voici les questions essentielles à se poser :
Ce rapide état des lieux renseigne sur les points à améliorer en priorité – inutile parfois de tout changer d’un coup.
Peu d’aménagements transforment radicalement l’escalier, et pourtant, ils multiplient l’effet “antichute”. Voici les indispensables :
Même si ces conseils paraissent évidents, ils constituent la meilleure prévention. En 2021, l’Assurance Maladie notait que 60 % des accidents de l’escalier pourraient être évités par de simples aménagements (Ameli.fr).
Quand l’équilibre devient vraiment précaire, installer une deuxième rampe (murale) peut transformer l’expérience de l’escalier : monter avec les deux mains augmente la sécurité de façon remarquable. Le coût reste abordable (50 à 200€ pour des modèles adaptés, hors pose).
On les trouve en magasin de bricolage ou sur internet. Privilégier des modèles larges, faciles à poser, adaptés à tous types de revêtements. Certains fabricants proposent des stickers “antichute” pour nez de marche, sur-mesure, y compris pour les escaliers courbes ou en colimaçon.
La pose de petits spots ou rubans LED avec détecteur de présence (autonomie longue, recharge USB) évite d’oublier d’allumer la lumière en pleine nuit. À partir de 20€ le kit.
Contrairement à une idée reçue, mieux vaut retirer tout tapis, même antidérapant : ce sont des pièges classiques à l’origine de nombreux faux pas. En revanche, si la surface des marches est glissante, privilégier un revêtement antidérapant à poser ou peindre, certifié pour escaliers.
L’aide technique la plus connue est le monte-escalier : une chaise motorisée qui suit le tracé de l’escalier. Elle permet à une personne à mobilité réduite de monter et descendre assise, sans effort. Le coût reste élevé (de 2 500 à 10 000 €, pose comprise, selon la configuration et la longueur). Toutefois, il existe des aides financières (ANAH, APA, caisses de retraite, certaines mutuelles, etc. – voir pour-les-personnes-agees.gouv.fr).
À noter : l’installation doit toujours être réalisée par un professionnel agréé. La maintenance régulière est obligatoire pour garantir la sécurité.
Même avec des escaliers parfaitement aménagés, adopter une attitude prudente reste essentiel :
En cas de trouble de l’équilibre, pensez à faire évaluer l’aménagement par un ergothérapeute ou un professionnel formé (Carsat). Certaines structures proposent des “diagnostics domiciliaires” gratuits ou financés.
En résidence autonomie, foyer logement, copropriété, la sécurisation des escaliers relève de la responsabilité du gestionnaire ou du syndic. Si des escaliers communs restent dangereux (absence de rampe, éclairage défectueux…), chaque résident peut faire valoir son droit à la sécurité, inscrit dans la loi sur l’accessibilité des logements (Loi Handicap 2005).
Il n’est jamais trop tard pour réclamer plus de sécurité ; l’âge ou la “pudeur” ne sauraient justifier l’attentisme.
Beaucoup de personnes âgées redoutent de “trop” aménager leur logement, de peur de se sentir dépendants ou vieillis. Pourtant, l’immense majorité des chutes graves dans les escaliers touchent des personnes dites autonomes et prudentes (INED).
Il est prouvé qu’un aménagement bien pensé retarde la perte d’autonomie de plusieurs années – même pour les plus indépendants (INSERM & Santé Publique France, 2021).
Sécuriser un escalier est un investissement, mais de nombreux dispositifs existent :
N’hésitez pas à solliciter un Pact Habitat, un Centre Local d’Information et de Coordination (CLIC) ou la mairie pour être accompagné dans le circuit administratif – c’est gratuit, et souvent très utile pour bien monter le dossier.
En matière d’escalier, tout n’est pas question de travaux lourds ni de gros investissements : le plus souvent, c’est l’attention portée aux détails, la vigilance partagée et les gestes simples qui font la différence. Savoir observer, repenser l’existant et demander conseil, c’est s’offrir quelques années de vie à domicile de plus, sans commaître la peur de la chute à chaque marche.
Vieillir ne signifie pas renoncer à son autonomie. Sécuriser ses escaliers, c’est, bien au contraire, en défendre chaque échelon.